John était entré dans le commissariat avec la conviction qu’il n’en sortira pas. Tout allait contre lui; à telle enseigne que lui-même se demandait s’il n’avait pas commis ces crimes-là en fin de compte. Dans un excès de colère et de dégoût de ces filles qui le touchaient, sans être Adèle. De quel droit? En y pensant, il émit un reniflement de dédain. Aucune femme n’avait le droit de le toucher. Sauf Adèle. Elle seule avait les mains assez douces et électrisantes pour créer le feu en lui en le touchant, en grattant de ses ongles, sa peau envahie aussitôt de chairs de poules. Son sang circulait alors à une folle vitesse comme la lave d’un volcan. C’est souvent à ce moment qu’Adèle choisit toujours de planter son regard dans le sien. Alors pour John c’est la perte totale des moyens.
Il était au commissariat, sur le point de perdre sa liberté, mais son esprit était embrumé par le souvenir d’Adèle et leurs échanges d’émotions. La seule femme qui lui donnait le sentiment du foyer : dans tous les sens du terme. La chaleur qui guérit le froid; celle qui embrase le feu du désir. Où était Adèle pensa-t-il une dernière fois, avec le sentiment de honte à l’idée qu’elle saura certainement bientôt, qu’il n’était qu’un vulgaire criminel qui avait égorgé deux femmes après des ébats sexuels. Il retint un sanglot, au moment où deux hommes, certainement des officiers de police, pénétrèrent le bureau où il était assis entouré de ses avocates.
- Maître Hogarth, Maître Deauville, je vous présente les inspecteurs Kitoglou et Alcagar. Voulez-vous reprendre ce que vous venez de me dire s’il vous plaît? Messieurs, prenez place.
Le commissaire Charles Coudovard était un homme d’expérience. Il ne s’agitait jamais, même quand les pompiers paniquaient; façon de parler. Il s’adossa dans son siège et se mit à scruter les réactions des gens présents; avec une insistance particulière dans le regard qu’il portait sur Inès Deauville. Veuf depuis 10 ans, sa carrière était son épouse et le week-end il allait voir sa fille qui s’était mise en couple avec sa collègue de bureau, et récemment elles ont adopté une petite fille qui s’appelait Tatiana. Sa petite-fille était devenue son autre préoccupation; en dehors du travail qu’il avait continué à faire malgré qu’il fût à l’âge de la retraite. Il a prolongé de trois ans, mais alors qu’il lui restait encore un an et demi, il réfléchissait ces derniers temps à renoncer pour avoir du temps pour sa petite fille. Voici que ce matin, après dix ans, il se surprit à regarder différemment une autre femme que sa regrettée femme. Maître Deauville ne savait rien de ce que le commissaire pensait d'elle et restait calme, laissant Lydie tout mener. Inès, de puis toujours, avait cette aura de tranquillité qui l’enveloppait et qui rafraîchissait l’ambiance dans les espaces où elle se trouvait. Elle transpirait la bonté se dit le commissaire au moment où Maître Hogarth prit la parole.
- Comme je viens de le dire à monsieur le commissaire, mon client nous a rejoint après avoir quitté une scène de crime où il venait de se réveiller sans aucun souvenir. Il ne se rappelait que d’avoir été dans un club et d’avoir bu deux ou trois verres de champagne avec deux filles; celles qu’il avait justement trouvées, mortes égorgées à son réveil. Les circonstances étant floues et en vue de se préserver contre toute conclusion hâtive, il s’était avéré plus urgent pour lui, de nous contacter afin que nous puissions veiller entièrement sur ses intérêts. Ma collègue a dû venir de Nice urgemment, ce qui justifie le léger délai.
Aristide et Clément avaient les yeux plus globuleux que des hiboux un soir de pleine lune. Ils regardaient John assis là, la tête baissée, puis se regardaient mais n’osaient dire mot. Lydie Hogarth de continuer…
- Nous voudrions demander un examen toxicologique à notre client afin de détecter toute trace de stupéfiant certainement glissé dans son verre à son insu avant que cela ne se dissipe. Nous sommes convaincus que c’est une drogue qui explique le trou subit de mémoire dont il souffre. Il restera sous votre contrôle, dans l’anonymat que nous requerrons auprès du juge d’instruction en ce moment même. Nous avons besoin de protéger son identité jusqu’à l’aboutissement de l’enquête pour éviter que les tabloïds s’en emparent et exagèrent en gros titres.
- Ah voilà je sais maintenant qui vous êtes s’exclama Aristide en s’adressant à John à l’évocation du mot tabloïd .
John leva la tête timidement, toujours convaincu de sa culpabilité, par désespoir. Tout cela ne serait pas arrivé si Adèle n’avait pas choisi de l’abandonner. Il ne lui restait plus rien de toutes les façons. Le temps lui paraissait long. Élastiques sont les minutes de la peine, elles s’écoulent avec une lenteur infinie et décomptent l’espoir qui vous reste encore.
Se tournant vers son collègue Clément, Aristide lui dit :
- C’est lui le « John » dont parlait Monsieur Germanopoulos! Clément! va le chercher on va les confronter stp!
- Qui est ce Germanopoulos? s’enquit le Commissaire curieux.
- Un prévenu que nous étions en train d’interroger dans la salle 12. Le propriétaire de la boîte de nuit et employeur des victimes, et également le propriétaire de la villa où elles ont été tuées.
- Lawrence est-ici? Avança John surpris. C’est avec lui que j’étais hier! continua-t-il.
- Certainement celui qui l’a drogué murmura Inès.
- Emmenez-le! ordonna le Commissaire, répondant promptement à la requête murmurée de la jolie Maître Deauville.
Les deux inspecteurs sortirent, l’un sur le talon de l’autre. John lui avait une question à laquelle il espérait que Lawrence réponde : où était Adèle?
À suivre.
Hummmmm… le suspense continue ????
Hummmm… Amour, Gloire et …. le suspense continue ???
Merci de nous faire « saliver »…?