"Je ne suis qu'une poussière du paradis dans ta vie". C'est comme ça qu'Adèle répondait en souriant, à John lorsque celui-ci lui disait qu'il avait trop de chance de l'avoir. Modeste mais pas trop. Lui il rigolait à cette petite blague de son amoureuse et il lui répondait qu'il était définitivement accroc à cette sorte de poussière. Qu'il en consommerait toute sa vie sans jamais pouvoir s'arrêter, elle était sa drogue préférée: l'Anchranabis.
Voilà la poussière de paradis qui s'était effacée de Nice et qu'il avait poursuivie jusqu'à Monaco venait une fois de plus de s'envoler. Il fallait qu'il la rattrape.
Adèle courait. Elle s'enfuyait, son coeur était noué, sa gorge serrée. Mais pourquoi? La surprise de voir John qu'elle avait décidé d'éviter? il lui fallait être loin. Mais qu'est-ce qu'il faisait là? dans ce club? Florence lui aurait-elle dit? Peut-être! la discrétion n'était pas sa première qualité celle-là. Et puis qui sont ces 'pétasses'? John a osé! Elle venait à peine de partir qu'il se pavane déjà en public avec deux salopes! Le goujat! Ah ça! Elle ne va pas laisser passer! se dit-elle en s'engouffrant dans le premier taxi.
- Où allons-nous Madame demanda le chauffeur en regardant dans son rétroviseur.
- loin svp, loin d'ici répondit-elle.
Regardant à nouveau dans son rétroviseur pour demander une vraie adresse il vit sortir un homme qui pressait le pas vers son taxi. Alors il démarra.
Adèle était furieuse. Ces 'pétasses' habillées comme des hôtesses de foire entourant John, champagne et compagnie... elle n'en supportait pas l'idée. Les hommes sont des ordures. C'est sûr qu'il ne s'attendait pas à la voir, pris la main dans le sac. Ses deux mains serrées en poing, les ongles s'enfonçant dans la chair de ses paumes, elle versa une larme.
- Vous voulez que je fasse le tour de la ville, Madame?
La question du chauffeur la sortit de ses pensées. Elle répondit oui du bout des lèvres. Sa voix était éteinte par la salive rageuse qu'elle avala juste avant de lui répondre. Elle descendit la vitre pour humer l'air frais de Monaco afin d'éviter d'étouffer. Elle ferma les yeux.
Désemparé John fixa de loin la plaque du taxi sans arriver à relever la plaque. Il retourna dans le club, une question le mettait hors de lui. Il avait hésité à parler d'Adèle mais là, Lawrence lui devait des réponses. Quel genre de relation entretenait-il avec Adèle? Où a-t-elle pu aller? Comment la retrouver? Poussière de paradis venait encore une fois de lui échapper. Il voulait crier. Crier sans s'arrêter. Mais il se contenait. Rester digne. Très digne, s'il ne veut pas faire la une des tabloïds demain matin. Avec les téléphones intelligents, un scandale est vite arrivé avec de pures interprétations d'images. Au fond de lui pourtant c'était l'éruption du Vésuve.
Elle était là, juste devant lui. A peine l'a-t-il réalisé, à peine voulait-il la prendre dans ses bras et lui dire combien il l'aimait qu'elle s'est une fois de plus échappée. Poussière de paradis, volatile. Adèle avait des ailes. Elle s'envolait pour ne pas être en cage. Il était venu lui promettre de ne plus jamais peser sur elle en rien, de ne plus l'aimer aussi trop, au point qu'elle veuille le quitter. Il ne survivrait pas à une séparation. Il est convaincu que c'était elle et personne d'autre, elle seule qui lui suffit, qui le comble, le complète et au final le sublime. En effet, il ne s'attendait pas à la voir si subitement. Le temps de réaliser qu'Adèle qu'il cherchait était là, il n'y avait plus d'Adèle. Ô désespoir!
Lawrence est du genre à réfléchir vite et bien. Voyant sa cousine partir en trombe et le milliardaire sur ses pas, il se dit qu'il y avait une situation intéressante à convertir en opportunité. C'est donc de celui-là qu'Adèle ne voulait jamais parler, à chaque fois qu'il lui demandait où elle en était côté coeur, elle se perdait en approximations et en généralités. Pas mal. Elle n'est pas si mal tombée la petite quand même! Mais que se passait-il? Il avait pourtant prévu de la faire grimper aux rideaux après la soirée, se disant qu'elle ne lui résisterait sûrement pas, mais à présent son cerveau venait de se transformer en calculatrice. En machine à sous.
Il finit son verre, se resservit un autre et envoya le vigile Tony sur les pas des deux tourtereaux en lui disant de veiller au grain et de lui rapporter ce qui se passait. Tony revint cinq minutes plus tard et lui dit qu'Adèle était partie en taxi, un chauffeur habituel du club, et que le monsieur est revenu et s'est dirigé vers les toilettes. Il finissait à peine son rapport à son patron quand John arriva au cordon de sécurité et il s'empressa d'aller lui céder le passage.
- Monsieur Vitus, il faut qu'on parle! Qu'avez-vous fait à ma cousine?