Je ne sais pas pour vous mais j’ai horreur de plus en plus de ces épanchements sur les réseaux sociaux à chaque fois que quelqu’un meurt; épanchements qui tendent à réviser son parcours dans des étalements de louanges qui laissent croire à ceux qui ne sauraient rien de ces gens, qu’ils étaient des gens super formidables. La mort comporte-t-elle une vertu d’absolution de péchés ? Même l'Église n'a pas osé, puisqu'elle dit clairement que vous serez jugés après votre mort au jugement dernier. Et même s’il faut ne pas revenir sur les actes et propos des défunts pour respecter le deuil des familles, en quoi est-ce que cela sert l’histoire de pleurer des « grands hommes », quand on sait très bien ce dont ils ont été capables.

On peut choisir de ne voir que du bien dans ces chapelets de scandales, choisir d’excuser ces délits commis à ciel ouvert au nom de l’intelligence et de la malice, ou encore choisir de ne rien dire puisque l’impunité des politiques est si bien admise, que peu importe la gravité de leurs actes ils s’en sortent toujours. C’est finalement un choix de société qu’on nous impose, ou qu’on adopte à travers ces postures sur les réseaux sociaux. Une société où les personnes influentes font ce qu’elles veulent sans être inquiétées, ou utilisent à des fins personnelles les moyens et les biens de l’état sans qu’aucune vraie condamnation ne bannisse ces exemples de nos vies.

On peut choisir d’oublier ces jugements favorables donnés, ces malversations à ciel ouvert, ces maquillages de comptes, ces mélanges de genre entre politique et affaires, qui ne sont que de nature à installer la corruption comme règles de fonctionnement. On décidera de considérer uniquement cette victoire historique de football qui n’était d’ailleurs qu’exclusivement l’œuvre des joueurs notamment Basile Boli, pour en faire le strapontin sur lequel on érige la vertu de l’illustre disparu. Les sociétés sacrifiées, les emplois détruits, les fonds détournés, les arnaques multiples comme dans l’affaire Toshiba et l’escroquerie faite à Bokassa et la mainmise sur ses biens, on peut allonger la liste davantage et nul besoin de parler du Crédit lyonnais.

Il ne s’agit pas de dire que Bernard Tapie n’était pas un monsieur exceptionnel qui a marqué son époque, et ce, certainement par la poigne stratégique et la grande gueule qui le caractérisaient. Il s’agit de rappeler qu'il ne faut absolument pas se laisser avoir par ces éloges qui tentent de mettre un voile opaque sur les sombres affaires dont il a été l’auteur, le peu de fiabilité dont il faisait preuve entre ses actes et ses discours, sa marche politique et sa façon de faire du business.

Il était un « boss » certes, mais un boss sulfureux, environné par la corruption et l’escroquerie, bénéficiant sans vergogne de l’appui du pouvoir qu’il servait peu importe lequel, tantôt à droite, tantôt à gauche. Il était un « grand homme d’affaires », il a été patron du groupe Adidas, mais quand on regarde de près comment cela s’est fait, son mérite n’était que d’avoir été là au bon moment, ce moment où le Parti socialiste français cherchait un champion à mettre en face de la Droite française. Il était acteur d’un « football argent roi » bien avant les Qataris, mais il faut se rappeler du match truqué Olympique de Marseille-Valenciennes, pour finalement se rendre compte que ça ne volait pas si haut que ça.

Les hommes sont ce qu’ils sont, ils font ce qu’ils font, tantôt bons, tantôt mauvais et c’est la vie, et c’est la nature qui veut ça. Arrêtez de faire croire que les morts ne sont que vertueux, juste pour vous donner une posture sur les réseaux sociaux pour profiter d’un événement populaire.

Franchement ça fait FAKE !