Accepter de briller aussi nonchalament que le soleil,

C'est bien là ce que tu me demandes ce matin?

A croire que le soleil n'est pas si haut! Si beau!

Qu'il ne brille pas tant de mille feux, resplendissant d'énergie,

Que nul ne s'en approche sans se griller d'un feu rouge?

Que nul ne lui porte regard sans se faire éblouir,

Qu'il ne parade pas tant dans le ciel, seul sans concurrence,

A croire qu'il ne se sait si majestueux, alors enflé d'orgueuil.

Que me demandes-tu là?

A quelle peine me condamnes-tu?

Encore!!

Qu’ai-je fait pour mériter telle sentence ?

Pourquoi me punir ?

Encore !!

Ne suis-je pas assez meurtri de briller par l’esprit dont tu m’as pourvu ?

Dois-je l’être plus ?

Encore ?

J’ai comme le soleil suivi une trajectoire que je n’ai pas décidée.

J’ai éclairé ceux qui voulaient et ceux qui ne voulaient pas,

J’ai éclairé ceux qui ont récriminé contre moi tant et tant de fois,

Ceux qui se sont cachés de ma lumière pour se faire des ampoules,

Imitant si mal l’auréole que je donnais sans rien demander en retour.

Les nuages qui ont voilé ma face de soleil, fait pleurer le ciel, grondé le tonnerre,

Autant que ces larmes, autant que ces cris que j’ai déversés,

Ces nuages qui ne veulent pas se tasser et faire apparaître les évidences...

J’ai comme le soleil donné la vie, sans trop m’en rendre compte de l’importance,

Puis, de même que le soleil j’ai laissé le soin à la terre, aux mères, de la faire croître.

Au premier geste, la terre n’a pas été propice, puis j’en ai trouvé une autre.

J’y ai replanté ma première graine, espérant la faire évoluer tant bien que mal,

Et comme le soleil j’ai continué ma route, ce chemin d’est en ouest inchangé.

J’ai continué à me laisser limiter par la trajectoire inamovible que tu m’as imposée.

J’ai continué à éclairer des gens dont je n’attends aucune gratitude.

Espérant que ce faisant que tu daignes m’élever, enfin, comme le soleil dont tu me parles.

Quel bonheur aurais-je si je ne suis pas si haut ? Si je ne suis pas si beau ?

Et même ? comprends-tu le mal-être intime que je vis parce que je ne vois rien de normal?

Que faire si je n’ai guère l’impression d’être utile, d’avancer comme tous les autres…

A quoi me sert de briller dans la nonchalance et le sentiment d’improductivité ?

Les oiseaux les fleurs chantent et s’ouvrent au lever du soleil et moi je me cache des gens, des miens pour éviter de ne leur servir à rien.

Quel soleil serais-je si mon cœur est triste et froid, si ma lumière est si pâle ?

Imagines-tu la pluie couler du soleil ?

Eh bien le soleil que je suis sensé être, il pleure. Fais-donc avec !!