Lovejoyce AMAVI

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Lettre à Christ

Christ, Quand il pleut sur la vitre de la fenêtre du train, que les gouttes glissent aussi vite que passent les images de champs et celles du ciel, que l'espace semble arrêté; cette impression de traverser une terre immobile sans vie, les sillons dressés comme une haie d'honneur, les arbres en garde, insensibles au mouvement du train... le calme du temps et celui de ces terres inflexibles, me rappellent la tristesse imprescriptible de ton regard aux yeux blancs aux iris immenses, qui semblent pourtant ouvrir sur un monde inconnu. Vois tu, la vie sait paraître inerte devant ces mouvements linéaires telle la marche du train, indéfiniment coincé entre deux rames parallèles qui restent figés d'un bout à l'autre. Et pourtant d'un point à l'autre il y a des résultats attendus qui se présentent au rendez-vous. Sans être forts à Francfort, j'ai osé prendre les paris de la vie cette fois, en partant comme pour ne jamais revenir, laissant une vie derrière moi pour mieux la sauver. Je sais, je n'ai pas l'énergie du train, ni la monotonie de sa marche. J'ai essayé des trajectoires qui ont même réussi à croiser les tiens, j'ai repris des trajets abandonnés et changés, j'ai recommencé sur de nouveaux rails, j'ai construit et déconstruit tellement de fois que j'en ai perdu la foi. Mon histoire s'est écrite à la sueur et aux larmes, sur les roches d'une vie obscure dans un pays où l'ombre et la mort règnent sans partage, où la lumière semble absolument prohibée. Et pourtant la lumière qui a réussi à nous unir au-delà des hésitations et des difficultés, éclaire désormais les sentiers de mes nouveaux trajets. Je suis ici, promeneur solitaire, à la recherche d'un abri où je pourrais construire un nid pour protéger les miens et d'où je pourrais prendre les élans nécessaires pour déployer les ailes que le sort m'a données et voler au-dessus de la souffrance et de la misère. L'inertie des paysages, impassibles face à la vitesse du train me rappelle l'inertie des gens autour de moi, qui désormais ne savent pas que je suis en mouvement pour marcher hors des troubles de ma vie. Il ne s'agit pas de briller envers et contre les autres, mais de garder la lumière des sentiments réciproques, continuer à briller dans nos coeurs, en la protégeant contre les assauts extérieurs qui viennent frapper à la porte de nos coeurs. Un jour prochain, si d'aventure la nature reste clémente, si par bonheur je réussis mes Paris, j'irai par monts et par "vols", au dessus des négligences dont je suis victime, et enfin, je pourrais offrir le meilleur autour de moi et jouir pleinement des bonheurs que je saurais ainsi créer. Je ne suis pas parfait, mais j'aspire chaque jour à la vertu. je prie chaque fois, que mes efforts journaliers décident enfin de payer, pour que je trouve l'énergie nécessaire pour en faire d'autres et aller de vertu en vertu pour être digne du plan sur ma vie et marquer mon passage, en y inventant des paradis pour ceux qui me sont chers. Si rien ne vaut la vie, elle semble souvent cher payée pour ceux dont la naissance résonne plus comme une dette que comme un cadeau. L'univers entier prend un malin plaisir pour nous laisser voir la vie dans des mauvais prismes. Cependant, seule le prisme de la perpétuelle quête de vertu permet d'apprécier la vie à sa valeur inestimable. Si inestimable qu'elle est rare et se perd tellement vite qu'on peine à s'en apercevoir. J'ai enfin su ce que je perdais à courir sur place. Le jogger qui court le même trajet dans le parc croise plus de vies que celui qui court sur un tapis. Plusieurs autres vies que je croiserai enrichiront désormais la mienne. Et de cette richesse je donnerai autant que je peux pour enrichir celles autour de moi, en continuant à gagner tant en vertus qu'au final tout m'ait l'air hors de sens, de sorte que perdre ma vie ici me soit une joie, selon qu'après moi les empreintes de mon passage sur terre resteront visibles pour celles et ceux que j'aurais rencontrés. Il s'est arrêté de pleuvoir et le train continue sa marche. Qu ainsi nos larmes ne nous empêchent pas de continuer à avancer. Les constants mouvements finissent par sécher les gouttes de pluie sur les vitres des fenêtres des trains. Et le train garde sa vitesse et arrive à destination parce que les rails restent résolument ensemble et parfaitement parallèles dans une telle symbiose que jamais il ne glisse. Toi et moi sommes les rails du train de notre vie. Avançons ensemble, le plus loin possible. Tant que le souffle ne nous quitte pas allons gaiement sans fléchir le genou en se soutenant mutuellement parce que des vies dépendent de cette union. Amen!
Lettre à Christ. Kaiserslautern-Allemagne. 22 juillet 2016. 20h57.
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