Monseigneur,

Mon père,

Frère,

La honte s’ignore tant dans votre corporation, que s’est longtemps échappée la foi véritable qui sous-tendait la démarche de vos ouailles. Pauvres êtres que nous étions, que beaucoup sont encore, à croire que vous avez édifié une église sur une pierre solide, qui résistera encore au temps et aux nombreux soubresauts de l’histoire. Il semble, et c’est bien ce que vous laissez croire, que la vérité profonde de votre mission dépasse tous les entendements et tous les péchés de vos agents. Or c’est l’argent qui maintient votre système et c’est la crédulité et non la chrétienté qui le renforce.

Mais c’est fini. Je l'espère du moins.

Les victimes de vos instincts pédophiles obtiendront justice, et tous ces abus dont vous êtes les auteurs vous submergeront désormais. Je ne parle pas des 216 000 victimes depuis 1950 en France, je parle de tous ceux qui dans le monde ont été sacrifiés aux bas instincts d’individus misérables cachés sous des soutanes et des titres religieux. Je parle de tous ceux qui en Afrique ou ailleurs n’ont certainement pas osé en parler et que personne n’a essayé de décompter ; ces pauvres enfants qui ont subi la domination sexuelle au lieu de la bénédiction catholique.

« Laissez-venir à moi les petits enfants car le royaume des cieux  est pour ceux qui leur ressemblent » : vous avez un peu trop pris cela à la lettre, sans vous retenir, ne serait-ce que face à leur innocence, sachant pertinemment que c’était infâme que de procéder à de pareils actes. Je vous souhaiterais l’enfer volontiers mais je n’y crois pas. Tout comme je ne crois guère à la repentance de vos semblables, ni à la justice véritable qui vous condamnerait au ban de la nature humaine. La meilleure repentance est de refuser de porter ces tuniques que vos collègues ont tachées du sang et de l’innocence de ceux dont vous avez transformé l’enfance en enfer. Les communiqués et les condamnations orales, les débats, n’effaceront pas ces meurtrissures que vous avez causées, cachés tels des loups derrière la mission d’évangélisation.

Ce n’étaient nullement des actes isolés, mais un système séculaire dont les racines sont profondes. Jadis on disait que pour éviter de se marier avec des femmes, les homosexuels devenaient prêtres pour s’adonner à leurs désirs réels, à l’ombre des paroisses. Faut-il croire que les pédocriminels également s’y cachent pour allègrement voler la pureté d’enfants autour d’eux.

Depuis des siècles les excès et les méfaits de l’église sont légion. On les dénonce sans pour autant que ça change, sans pour autant que les gens cessent d’accorder importance et sainteté à cette institution. Vous me direz qu’elle est infaillible, bâtie sur des valeurs morales qui ont d’ailleurs inspiré les civilisations occidentales, que ces actes sont le fait d’humains égarés, tourmentés, psychologiquement malades. Alors vous devez me dire pourquoi sont-ils si nombreux parmi eux ? Pourquoi sont-ils autant couverts par leur hiérarchie ?