Un grand homme d’État s’en est allé dans les effluves d’un poison mortel qui a gangréné son corps jusqu’à lui arracher son souffle de vie. Il s’est éteint et seul le souvenir de son parcours avivera peut-être encore, l’espoir dans le cœur des ivoiriens que le germe de la division affecte depuis bien trop longtemps.
Hamed Bakayoko est mort, à une marche près de son destin inexorable. Et les opposés à son mérite qui ont orchestré son empoisonnement n’enlèveront rien de son impact certain, dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et celle de l’Afrique. Les pourfendeurs s’égosilleront longtemps s'ils le veulent, sur ses défauts sans jamais arriver à altérer l’admiration et la crainte naturelles qui émanaient d’Hambak. Ils n’ont pas compris que la politique et le pouvoir ne sont nullement affaires d’enfants de cœur. C’est en étant à la fois cet homme de pouvoir et cet homme du peuple, qu’Hamed Bakayoko a construit sa légende de son vivant. Sa mort dans ces conditions scabreuses rend désormais cette légende immortelle.
Chanté de son vivant, pendant plus de trois décennies, ayant gravi les échelons de la société par la force de sa détermination et par tous les moyens en effet, être resté accessible et affable, au secours des gens vulnérables autour de lui, avoir gouverné la politique, les médias, la culture, l’armée, les réseaux etc. Hamed Bakayoko est le président de cœur de toute la Côte d’Ivoire et son charisme demeurera une empreinte indélébile sur l'histoire de cette nation.
Ce n’était pas un saint. On ne gouverne pas les mains propres. Le seul roi de la Bible a n’avoir pas connu de guerre durant son règne a pourtant commencé par l’assassinat des généraux de son armée et de son propre frère1. Les minauderies qui font croire que le pouvoir s’obtient par le sourire et la fleur au bec ne connaissent pas l’histoire meurtrière de l’Église et les compromissions dans lesquelles elle baigne encore. Il faut du cran pour monter les sommets; sauf pour les princes héritiers qui au demeurant, l’apprennent très vite ensuite. Hamed Bakayoko n’était pas un saint. Mais lui au moins savait se prêter au jeu de la disponibilité vis-à-vis de ceux qui l’estiment et il en a aidé à la pelle et cela lui a valu le respect des plus humbles. C’était un homme d’état! Pas un petit homme politique des rives du Bosphore. Même mort l'admiration pour ce "Monsieur" demeure. Et c’est pour cela qu’il est préférable de ne pas le pleurer.
On ne pleure pas un homme d’État. Pas quand on regarde après lui, et on ne trouve plus personne de sa trempe dans tout le pays. Pas quand on cherche quelqu’un d’équivalent dans les autres pays voisins, et on bégaie de ne pas trouver des correspondances faciles, et qu’on doive forcer le trait pour lui trouver des semblables. On ne pleure pas un homme d’État, comme on ne pleure pas les gens qui ont accompli une destinée là où personne ne les attend et qui ont impacté leur ère.
On ne pleure pas une légende. On ne pleure pas Hamed Bakayoko.
Belle plume. C’est tellement l’écho de ces paroles. C’est surtout un sentiment regret même si on ne peut vraiment se racheter de ses erreurs cependant cet homme a essayé de redonner de l’espoir à pas mal de jeunes ivoiriens dont l’avenir est arraché et sacrifié. Oui c’est vrai, on ne peut pleurer un tel homme sensible car ses souvenirs d’homme accessible, attentif et inclusif demeurent quoiqu’il en soit. Merci très cher pour ce beau texte.
Très bonne sortie, juste, percutante et équilibrée. Merci et bon courage!