Assis au bord de l’eau, les pieds dans le torrent qui coule frénétiquement à travers les cailloux polis par le passage de l’eau, brillants de l’humidité qui les imprègne, et des rayons de soleil qui traversent les branches et atteignent l’eau ;
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L’eau glacée rend mes orteils fébriles et le chant des oiseaux semble me tenir compagnie. Ils semblent parler de moi, et se demandent ce que je fais là, assis au bord de l’eau les pieds dans le torrent.
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De mon esprit futile, le cœur chargé d’angoisse, mes yeux traversent la toile au mur et me portent dans ce paysage imaginaire, qui sans doute existe quelque part dans l’univers, puisque nul ne peut prouver qu’il n’existe pas.
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Comment être assis au bord de l’eau, seul dans une forêt, les pieds glacés par la coulée du torrent, et glissant sur les cailloux qui gisent au fond ; et en même temps respirer l’odeur du café et écouter le jazz rythmer chaque respiration ?
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Comment comprendre mon plaisir d’être là et mon envie d’ailleurs, rien qu’à l’évocation de cet espace peint à l’huile, accroché au mur ; comprendre la dualité de l’être et du paraître, rester ou partir, les émotions de mon corps enfoncé dans ce grand fauteuil, et cette musique dans mes oreilles, ce voyage que je fais à travers mes yeux qui emportent mon esprit jusqu’au bord de cette eau qui coule, et arrivent à tremper mes pieds dans cette eau glacée.
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Vivre ici et ailleurs, l’incohérence de l’esprit troublé, confus et vagabond, l’ubiquité d’une existence rendue farfelue par l’inconstance et l’inconfort. Vivre de chair ou d’esprit, question incontinente et malaise permanent. Perpétuelle remise en question que n’apaise que l’évasion possible d’une imagination fertile.
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Les dieux ont rendu l’homme triste pour l’avoir confiné dans un duel sans cesse, entre espoir et chair, réalité et fascination. Ces pensées qui m’éloignent si vite de ce que je vis, ces yeux parfois grands ouverts sur des choses qu’ils ne voient pas, ouverts mais clos à contempler des images créées de toutes pièces.
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Assis au bord de l’eau, les pieds dans le torrent qui coule frénétiquement à travers les cailloux polis par le passage de l’eau ? Ou assis, enfoncé dans ce grand fauteuil, et cette musique dans mes oreilles ?
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Je ne sais plus où j’en suis.
Lovejoyce. dans l'hémisphère du Ciel