J’avais proscrit, dans ma démarche en créant ce blog, d’éviter autant que faire se peut, de parler Politique. Non pas parce que j’estimais ne rien avoir à dire, mais afin d’éviter de transposer ici, ces débats inutiles que nous avons souvent, dès qu’entre Togolais, il est question de Politique. Il ne sert à rien de vouloir échanger ensemble, dans des discussions contradictoires, dans un souci de contribution et de réflexion visant le bien commun, si nous avons du mal à mettre sur nos émotions, cette chape de plomb qui facilite le débat.
Nous Togolais, nous sommes devenus ces aigris, qui fermons les yeux sur des évidences, juste parce qu’elles ne nous autorisent pas la critique vide et stérile. Nous avons orienté nos regards sur les sujets et les amertumes, plutôt que sur l’objet et les espérances. Nous n’admettons plus, non sans raisons, que ce qui est fait peut être normal, utile, bien fait. Nous sommes, à tort ou à raison, dans un refus intransigeant de l’administration actuelle. Et alors, tout est prétexte à la diatribe, au dénigrement et à la contradiction obtuse, même si évidemment, cela exacerbe plus nos aigreurs et nos souffrances, que n’ouvre et ne favorise les espérances, dont nous avons indéniablement besoin pour construire notre Nation.
Mais le Togo est un pays longitudinal qui s’étend sur 600km dont la liste des problèmes est aussi longue. Les Togolais qui sont désespérément déçus de cette administration «éternisante», ont toutes les raisons légitimes pour cela. Et je ne les blâme pas. Quand tout porte à croire que rien n’est fait pour améliorer la vie du citoyen, que l’impression du gaspillage est plus tenace que l’impression de changement réel, dont pourtant les preuves existent, il apparaît difficile pour le citoyen, sans cesse opposé à un quotidien de plus en plus dur, de faire la part des choses et calmer ses émotions. Parler du Togo, sans parler de la politique Togolaise est une mission presqu’impossible. Tous les secteurs de la vie « Togolaise » sont empreints de cette question de politique. Comment on en est arrivés là, fera l’objet de tout un livre, et ne peut tenir dans un paragraphe de ce billet. La description du mécanisme qui a conduit le Togolais à tout politiser est un travail d’épistémologie, et je ne saurais prétendre remplir ici cette tâche. Mais le constat est là, plus prégnant que jamais. La Politique a envahi nos vies sans que nous ayons pris des mesures pour nous en prémunir. Elle nous détruit, en s’attaquant à l’âme même de notre pays, en défaisant les arcades de notre nation. A tel point, que nous sommes devenus aveugles, de distinguer, ce qui nous unit et ce qui nous renforce ; tandis que nos émotions empêchent nos réflexions.
La responsabilité de rassembler la Nation relève «malheureusement» de la classe politique, qui jusque-là échoue à ce faire.
D’abord elle doit être le souci premier de l’administration en charge de construire le bien-être de tous, mission qu’elle semble, je dis bien « semble » de moins en moins avoir en ligne de mire. Faire tout en « inclusif » doit de préférence sortir des discours pour exister dans les actes. Le caractère inclusif de son action doit être de fait ; toute la population doit donc se sentir concernée et intégrée dans les choix de l’administration. Les clivages doivent disparaître, ou tout au moins être bien camouflés. L’intégralité des investissements doivent servir l’avenir et pas seulement les conjonctures. La mobilisation des espérances pour rassembler notre nation ne se peut, sans la démonstration nécessaire d’une vision favorable pour l’avenir. Ce ne sera que lorsque le citoyen, en conflit avec son quotidien, sera rassuré sur son avenir, qu’il dépassera ses émotions et qu’il se mobilisera pour travailler à cet avenir.
Le rôle de l’information, de la communication et de la sensibilisation pour rassembler la nation Togolaise est incontournable. Les populations n’ont pas, à se rendre compte par eux-mêmes et à se faire une opinion, l’administration elle, doit rendre compte de son action et mobiliser l’opinion nationale en sa faveur. C’est en l’absence d’un discours de preuves, d’une parole cohérente de l’administration, que se forment les nids des détracteurs et autres aventuriers qui, bien souvent pour des raisons nombrilistes, font naître au sein de la population, des sentiments et des actes inciviques.
L’opposition politique, a plus un devoir de contribution que d’opposition. C’est ce que nous enseignent les grandes démocraties dont nous suivons les pas. Je ne dirai pas ici, combien d’ailleurs la colonisation et son corollaire : l’implantation inadaptée à l’Afrique, des systèmes de sociétés occidentaux, porte en elle, la véritable source de notre inconfort social, politique, économique et culturel. Si bien évidemment, la colonisation n’a pas que des inconvénients, avoir cherché à copier et non à assimiler en convertissant, a été l’erreur fatale que nous devons tôt ou tard, nous organiser à corriger.
Au Togo donc, l’opposition brille plus par la contestation systématique, que par la participation active, à la mise en place d’un cadre politico-économique qui garantirait à tous, liberté et égalité, qui sont le socle solide d’une Nation. Ils sont, dans une telle démarche de : « tous pourris dans l’administration et au pouvoir », engoncés dans leur logique absurde de protestation permanente, qu’ils en sont devenus incapables de proposer à la population une vraie alternative et un programme préférentiel, qui généreraient l’adhésion de tous. C’est ainsi qu’ils entraînent, les plus impatients d’entre nous, dans leur refus systématique de tout, lequel malheureusement, fait l’économie drastique d’une observation vigilante et objective, de la situation réelle de notre pays, aujourd’hui résolument tourné vers l’avenir, réformes et chantiers fondamentaux, existant désormais.
J’aime le Togo, non seulement parce que c’est mon pays et que je n’en ai pas d’autre, mais parce que le cours de son histoire m’apprends, que les valeurs du Togolais sont celles d’union, de paix, de solidarité – oui dans cet ordre – mais également de travail, de liberté et un souci fort de la patrie . Bien entendu, toutes ces valeurs sont au même niveau d’importance. J’aime mon pays, parce qu’au-delà de son histoire douloureuse, il est obstinément attaché à ses valeurs, peu importe les sacrifices consentis.
C'est sur cet attachement ferme que naîtront les espérances que nos classes dirigeantes, pouvoir et opposition, ont le constant devoir de créer.
Oui, je m’étais promis de proscrire la politique de mon blog, mais l’amour de ma patrie et mon attachement indéfectible à son bien-être, sont incompatibles avec le mutisme et le silence coupables. Le silence est sage, au besoin. Il peut tout autant s’avérer irresponsable. Nous ne serons jamais trop de togolais, à tenter de sonner l’alarme face à cette situation dans laquelle on a immergé et continue de retenir notre nation. Cette démarche, politique ou pas, est nécessaire et utile. Je veux aujourd’hui, engager mon blog à abriter, quand il le faudra, ces messages qui sont pour moi, porteurs d’espérance. Un Togo meilleur pour les générations actuelles et futures est le devoir de tous, quoiqu’il en coûte.
A tous ceux qui sont désespérément oublieux de ce qui compte le plus pour nous tous, c’est-à-dire notre pays et ce qui nous rassemble depuis la nuit des temps, malgré nos différences et diversités, malgré les drames et les souffrances, les fautes et les erreurs partagés,
A tous les partisans de l’émergence d’une nation plus juste et équitable, et donc plus forte et plus solidement ancrée dans ses valeurs, afin de faire face aux défis de son existence,
A tous ceux qui doivent dépasser leurs émotions et leurs ambitions individuelles pour se rendre enfin compte, que du bien-être de notre patrie, dépendent celui et ceux de nos descendances ; qu’on aura beau faire, ici ou ailleurs, nous serons éternellement rattachés à la Nation Togolaise.
Que celui qui a des oreilles (pour entendre) entende !
Lovejoyce A.AMAVI
Cet article pose le problème fondamental de la communication des politiques… Ces politiques qui justement ne font pas assez de communication politique (vous vous perdez déjà? je reprends). Les politiques togolais, aussi bien au pouvoir que dans l’opposition, n’expliquent pas suffisamment pourquoi telle décision a été prise par rapport à tel autre. Tout se passe comme si le peuple est un enfant pour lequel on a à prendre des décisions qu’il ne peut pas, et ne doit pas contester.
Je viens de voir la Chef d’état du libéria Johnson Surleaf à l’écran, expliquer à son peuple pourquoi il n’y a pas assez d’ambulances pour déplacer les victimes de l’Ebola qui décime son peuple. « Même si nous en avions les moyens, Ce n’est pas quelque chose qu’on peut aller acheter au supermarché. il faut qu’on les commande, il faut qu’on les reçoive avant de les mettre en circulation ». L’objectif de cette communication est de solidariser le peuple autour d’elle qui est la preneuse de décision. Elle s’est ouverte à la population et a expliqué son incapacité à pouvoir faire ce à quoi il s’attend, et aussi ce qu’elle peut faire en attendant mieux.
Cela me rappelle à la rigueur, cette intervention du Premier Ministre Togolais Houngbo, juste après l’attentat dont ont été victimes la sélection nationale de foot du togo, à Cabinda. Les joueurs encore en un seul morceau avaient décidé de participer… le premier ministre s’affole sur France 24 « non il faut qu’ils rentrent, ils ne savent pas ce qui se passe là bas ». Mr le premier ministre, qu’est ce qui se passe réellement là bas, que vous savez, et que les joueurs victimes, les parents des victimes et les populations ne savent pas?
La communication des politiques pour fédérer le peuple autour de leurs actions. Voilà comme l’explique cet article, ce qui peut-être manque le plus, pour faire participer tous les fils du togo à bâtir un pays meilleur
Merci pour ce article et ma question est de savoir si le changement de regime pourrait bien aider les togolais ? Je pense plutôt que la réponse est ailleurs la redynamisation de l appartenance nationale et aussi l acceptance sociopolitique entre nous . comment y arrivée ?
communication, sensibilisation, éducation doivent être les maîtres mots pour changer ce pays. Tant qu’on ne s’y résoudra pas les clivages persisteront, et sans doute s’aggraveront.