Les cheveux blonds coupés courent sur ses tempes dorées. Assise une jambe sur l'autre, son pantalon à carreaux noirs s'harmonise avec le blanc de son chandail et les rayures grises de la chaise qui la porte comme à son insu.

Tellement gracieuse, gracile, Cécile semble flotter, un genou sur l'autre comme en lévitation. A-t-on jamais vu un rose si beau sur des ongles manucurés à perfection? des poignets si légers d'où scintillent et bruissent des bracelets dorés assortis à la fermeture accessoire de son chandail?

Elle lit comme on en parle dans les livres d'époque, avec une élégance perdue des femmes de la noblesse d'autrefois. Les feuilles de son magazine si elles pouvaient parler, témoigneront de la douceur de ses doigts qui les touchent, d'une délicatesse infinie. Elle prend soin de tout.

Et quand elle sourit, comme à l'évidence touchée par ce qu'elle lit, c'est toute la pièce qui s'illumine davantage.

Gracile Cécile, maîtresse du temps; à la voir assise on y resterait figé. Un sentiment que n'évoquent d'ordinaire que les oeuvres d'art dans les musées. Agile Cécile, sur qui le temps n'a pas d'emprise; elle lit comme dans les oeuvres d'art, elle, on  peut dire qu'elle est une oeuvre d'âge.

Longueuil. Maison Le Réveil | 19 Juin 2019