Au temps de la Révolution tranquille au Québec, il fallait briser le joug de l’Église catholique, sortir les Québécois et surtout les Québécoises du pressoir religieux, et, en construisant une société plus égalitaire, réhabiliter l’autorité de l’État dans tous les domaines de la vie collective. Ce succès sans verser de sang et trancher de tête, a permis d’ériger un « vivre-ensemble » québécois qui fait honneur à ses citoyens, fussent-ils nés ici ou venus d’ailleurs.

Hélas, plus de cinquante ans plus tard, la question de signes religieux dans la sphère publique, déchaîne les passions et font se croiser des arguments, sans doute valables dans les perspectives de ceux qui les portent.

Trois questions sont à la source de ces débats sans fin

• Que vient chercher l’expression d’une opinion aussi manifestement individuelle qu’est la foi, dans l’exercice de la fonction et de de l’autorité d’un État sensé être impartial ?
• Qu’en est-il des valeurs de tolérance, du droit à la différence, de la liberté d’expression et de celle de s’habiller à sa convenance ?
• Et pourquoi donc cette indexation systématique des signes religieux liés à l’Islam ?

Ce sont les réponses à ces questions, qui détermineront la solution au nœud gordien de la Loi 21, loi qui sera mise en œuvre de toutes manières par la clause dérogatoire.

Les religions n’ont jamais rien arrangé. L’histoire de l’humanité fournit nombre d’enseignements en la matière. Mais c’est en proposant un cursus d’individuation fait de promesses et d’espérances, qu’elles arrivent à altérer les pulsions humaines. La crainte de Dieu, l’espérance d’un salut. Toutefois il n’y a pas de diversité sans règles qui en permettent l’exercice. L’intégration au sein d’un ensemble fonctionnel impose l’érection de règles sur la base de principes objectifs et impartiaux.

La tolérance de la société québécoise a été obtenue de haute lutte et l’indexation de l’islam dans les débats sur cette loi, dévie certainement l’opinion du bien-fondé qu’elle comporte.

"Je ne crois pas que le Dieu qui nous a dotés (…) d'intelligence, nous a destinés à renoncer à son utilisation" disait Galilée.