Quand on s’assoupit dans un sofa le sommeil est si profond que l’on ne se rend compte de l’inconfort subi, qu’au réveil, quand cette douleur au cou et au dos, vous fait regretter de n’avoir pas eu la force d’aller dans un lit confortable, comme par exemple il en existe dans des hôtels luxueux. John ouvrit les yeux pour se rendre compte d’une douleur lancinante dans son dos, mais la pire des douleurs qu'il ressentit fut dans son cœur.
Adèle.
Adèle.
Oui Adèle, partie; et à la suite de laquelle, le voici à Monaco avec l’espoir de la convaincre de son amour. Il se leva et entra dans la douche pour essayer de se réveiller et apaiser ses douleurs. L’eau tiède est d'une telle vertu curative, lorsqu’elle réchauffe doucement la tête et coule tout doucement sur le corps, elle réussit à raviver l’épiderme et les nerfs mis à l’épreuve par les émotions. Posologie : autant de fois et aussi longtemps que nécessaire. Effets indésirables : larmes et sanglots. Les larmes se mêlent à l’eau et les sanglots sont accentués par l’écho de la salle de bain, et l’effet réverbérant notoire de ces enclos pavés de carreaux où l’on se dénude pour tenter de purifier le corps, leur donne un accent particulier.
20 minutes plus tard, soulagé de tant de larmes écoulées il se convainquit de sortir de la salle de bain et de se préparer pour se rendre au SHAKIN’S, l’adresse lui avait été donnée par Florence et il espérait y voir Adèle et lui dire combien en partant, elle avait emporté sa vie et son souffle dans ses bagages. Chemise blanche, jean noir, ses demi bottes en nubuck noires enfilées, un air négligé lequel, contrastant avec sa classe naturelle, lui permettra de se fondre au public de ce club branché, qui monte dans l’estime des noctambules monégasques.
« Ce soir je danse, je bois, et je danse! Sans Florence comme coéquipière mais on verra bien »; c’est ce que s’est dite Adèle en enfilant ses collants en filet noir, puis sa robe hyper courte qui moulait son corps, révélant des proportions généreuses là où il fallait. La prof en elle était mise au placard ce soir. Place à l’expansive et sexy Grecque, descendante d’Aphrodite la déesse de l’amour. Lawrence était parti plus tôt pour superviser l’ouverture du club, elle commanda un Uber et entreprit de donner une touche finale à son look. Il lui fallait noyer toutes ces pensées dans sa tête, les souvenirs de John et cette espèce de vie rangée qu’elle a fui en venant ici, retrouver un peu de piquant que la vie dissolue et incontrôlée de Lawrence lui donnerait sûrement. Bip du téléphone : « votre chauffeur Uber Vincenzo vient d’arriver ». Vérification faite que ses cartes étaient bien dans la pochette de son téléphone, elle descendit.
La Porsche de John arriva devant le club et il descendit en laissant le soin au voiturier d’aller la garer. Un coup d’œil à gauche et à droite, il s’avança vers l’entrée où le vigile s’empressa de lui permettre l’entrée, pendant que d’autres faisaient la queue pour les vérifications et les autorisations nécessaires. Une Porsche et un look de milliardaire en tourisme ça ouvre toutes les portes à Monaco. Le monde n’est pas injuste. C’est juste que l’argent est roi. Servir Dieu ou Mammon (Matthieu 6:24)? Monaco comme beaucoup d’endroits et beaucoup de personnes sur cette planète avaient fait leur choix, et c’est Mammon. John lui n’a pas eu à choisir; né dans une famille riche il a très vite compris que l’argent donne accès à tout, sauf peut-être à Adèle qui ne s’en est pas vraiment préoccupée. Mais il allait tout mettre en œuvre pour lui faire comprendre que pour lui, elle valait toutes les fortunes. La verra-t-il ce soir? Il ne sait pas, mais ce qui est sûr il ouvrira les yeux. L’hôtesse qui l’accueillit lui proposa de prendre un salon, il exigea la mieux placée pour observer tout le club. On l’installa en hauteur dans un carré VIP avec des sièges en velours rouge, des jeux de lumières personnalisés et un rideau de bidules scintillants. Il commanda du champagne Armand de Brignac Blanc de noirs 2015. L’hôtesse fut surprise, elle connaissait le « blanc de blanc », mais pas le "blanc de noirs", mais son gérant avait l’habitude de garder les bouteilles prestigieuses dans un coin aménagé de son bureau pour les besoins de clients exceptionnels qui viennent quelques fois, elle allait lui demander.
- « Lawrence? J’ai un client en carré VIP qui cherche un champagne Armand de Brignac Blanc de noirs » dit-elle en tirant la main de son gérant assis au comptoir. « Il me semble que j’ai déjà vu sa tête mais je ne me rappelle pas son nom mais ça va me revenir » ajouta-t-elle.
- Ah oui? C’est qui? il parle anglais? Répondit Lawrence en descendant de son tabouret tout excité
- Non il parle français et il est seul.
- "Ah oui? RITA, SONIA venez par ici" cria-t-il à l’endroit de deux filles au bout du comptoir. Elles obtempérèrent et tous les trois s’avancèrent vers le bureau de Lawrence. Suivis de l'hôtesse qui avait hâte de récupérer son champagne. Un pourboire généreux était en vue.
Lawrence ouvrit une armoire et en sortit un coffret qu’il tendit à l’hôtesse en lui demandant de chambrer la bouteille dans un sceau doré et de servir avec les verres en cristal. Quatre verres, précisa-t-il. S’adressant aux demoiselles hélées plus tôt au comptoir, il leur dit qu’un client est arrivé seul et au regard de la bouteille commandée, il allait les lui introduire et demander qu’elles lui tiennent compagnie, puis les invita à le suivre. Là l’hôtesse revint sur ses pas et dit à Lawrence :
- Son nom c’est John Arthur Vitus, il vit à Nice
- "De la famille Vitus les milliardaires!" s’exclama Lawrence sous les gloussements de Rita et de Sonia toutes excitées. L’hôtesse hocha la tête avec un sourire en coin. Lawrence ajusta sa veste et partit vers son illustre client.
Le chauffeur Uber descendit Adèle devant le SHAKIN’S. Elle descendit et se dirigea vers l’entrée où la reconnut le responsable à la porte, qui l’avait déjà vue en début d’après-midi chez son patron Lawrence. Il eut un peu de mal devant son style différent ce soir mais c’était elle, la cousine du patron comme celui-ci la lui avait présentée. « Cousine mon cul », pensa-t-il en souriant et en demanda à l'une des hôtesses de la porte de la conduire à Lawrence.
- « Bonjour M. Vitus, je suis Lawrence Germanopoulos, le gérant, j’ai été averti de votre présence je me suis permis de demander à ces charmantes demoiselles de venir vous tenir compagnie et je tenais à venir vous accueillir personnellement » déclara Lawrence avec son sourire le plus commercial, tout en faisant signe aux filles de s’installer dans les fauteuils de velours.
- « Ah, je vous remercie » répondit John tout gêné, « j’avoue que ce n’était pas la peine mais je resterais gentleman en offrant à ces demoiselles de partager une coupe de champagne avec moi »
L’hôtesse arriva sur ces entrefaites et déboucha la bouteille de champagne sous la supervision personnelle de Lawrence.
- « Vous prendriez bien une coupe avec moi » demanda John à Lawrence. Il comprenait très bien le stratagème du gérant pour le faire consommer et augmenter la note.
Il en avait l’habitude. Dans d’autres grandes villes touristiques qu’il a visitées, c’était même plus incisif. Lawrence accepta l'invitation. Il y avait quatre verres, tout était bien préparé.
- "Qu’est-ce qui vous emmène dans notre belle ville ce week-end M. Vitus" demanda Lawrence en levant son verre.
- "Je suis venu retrouver quelqu’un" répondit-il
- Ah oui? Affaires ou Personnel?
- Vous êtes bien curieux Monsieur le gérant, soumettez-vous tous vos clients à l’inquisition ou est- ce un privilège qui m’est réservé à moi seul?
Lawrence éclata de rire.
- "Ce n’est pas courant d’avoir un milliardaire aussi discret d’habitude que vous dans ma boîte alors je fais la conversation; et peut-être si vous me répondez je vais partager la confidence à un ami journaliste pour un magazine de potins" déclara Lawrence tout en continuant de rire.
L’hôtesse qui accompagnait Adèle demanda au comptoir où était Lawrence. Le barman lui indiqua le carré VIP à l’étage et elle indiqua à Adèle par où passer pour le rejoindre et s’en retourna à la porte.
Adèle monta les quelques marches et se dirigea vers l’espace VIP dont l’entrée était gardée par un vigile imposant. Sécurité des clients fortunés oblige!
- « Je viens voir Lawrence s’il vous plait, il m’attend » déclara Adèle au vigile.
- "Attendez ici mademoiselle". Il alla vers Lawrence et lui dit : « Patron une demoiselle vous demande ».
Laurence sortit de l’espace VIP, reconnut et fit signe à Adèle.
- "Viens ma chérie je te présente une célébrité!" S’adressant au Vigile il déclara « Tony demande à une hôtesse d’apporter une coupe en cristal s’il te plait.»
John était assis entre Sonia et Rita. Cette dernière était en train de lui raconter visiblement sa vie. Il n’en écoutait pas un mot, mais hochait la tête souvent et affichait un sourire pour ne pas laisser paraître son agacement.
Il leva la tête au moment pour voir la personne qui arrivait, et, surpris, se leva brusquement.
Adèle finissait de faire la bise à Lawrence qui lui disait combien elle était en beauté et tourna la tête pour tomber sur John, son John, debout là entre deux filles. Deux putes se dit-elle par réflexe automatique.
- « Ma chérie, voici le célèbre John Arthur Vitus, mon meilleur client de la soirée » s’exclama Lawrence enjoué.
Pendant un laps de temps qui sembla interminable, les deux se regardèrent à ne plus pouvoir décoller leurs regards.
Elle a les yeux revolver, Elle a le regard qui tue, Elle a tiré la première, M’a touché c’est foutu...
A suivre.